L’heure est au bilan

Bocuse d'OrSaga Bocuse d’Or, premier blog à s’être spécialisé dans le concours de cuisine éponyme,  se caractérise par un suivi régulier de l’épreuve et de ses à côtés, même une fois la fièvre de l’épreuve retombée.

En dressant le bilan de cette édition 2013, force nous est de constater que ce millésime fut un sommet encore jamais atteint car le propre de ces olympiades est qu’elles demandent à se surpasser d’année en année.

Voyons cela à l’aune du parcours du vainqueur de l’épreuve.

Thibaut Ruggeri rejoint l’équipe Lenôtre en 2007, époque où la France domine magistralement le concours. Thibaut se forme aux joutes en cuisine et apprend ce qu’est la compétition au trophée Masse en 2008 et Bernard Loiseau en 2009, puis remporte le « Trophée national de l’Académie Culinaire de France » en 2010 et « Les chefs en or » en 2011. En tout il fera une dizaine de concours. Entretemps la France a décroché du podium du Bocuse d’or autant par manque de moyens que de structures. (voir notre article du 2 février 2011 où les chefs français lançaient un appel au Président de la République). La maison Lenôtre, avec ses 10 meilleurs ouvriers de France et son restaurant phare Le Pré Catelan, 3 étoiles Michelin, se sent capable de relever le gant et charge Thibaut de la représenter. Cette fois de gros moyens sont mis en oeuvre, le candidat pour la première fois de l’histoire pourra se concentrer sur l’épreuve à 100 % sans être dispersé. Son coach Fabrice Prochasson, meilleur ouvrier de France 1996, de par ses fonctions de Président des Toques françaises est un passionné impliqué dans la transmission du savoir-faire et la promotion de la cuisine française , il couvera Thibaut pendant tout ce temps et lui trouvera comme commis une apprentie en pâtisserie à fort potentiel, Julie Lhumeau (qu’on aimerait bien revoir dans une future compétition internationale). Une Team France est créée qui se charge du financement et du recrutement des sponsors dont on soulignera la part de plus en plus importante qu’ils prennent au fur et à mesure que les budgets gonflent. Thibaut en sportif accompli, entretient sa forme physique et son mental pour être prêt le jour J ; pour l’avoir eu au téléphone peu avant, l’auteur de ces lignes se souvient que transparaissait un calme olympien dans son attitude. La technique maîtrisée, restait à gérer le stress, ce fut chose faite quand sur les coups de 9 heures en ce mercredi 31 janvier Thibaut attaqua le turbot avec son sang-froid  habituel. 5h30 plus tard, le public averti et les challengers de Thibaut comprirent que la France était dans la course. Une leçon à retenir : pour la première fois, gagner le Bocuse d’or Europe ne préjuge plus de la victoire finale.

On mesure tout le chemin parcouru en comparant le plat du Bocuse d’or France puis Europe de Thibaut Ruggeri (voir Saga BO 15 mars 2012) et celui de la finale mondiale. Il fallait se hisser à ce niveau car derrière de nombreux candidats avaient haussé le leur. Avec les plats du Bocuse d’or Europe la France n’aurait pas figurée dans les 10 premiers. C’est sans doute l’erreur du Norvégien qui trop confiant, n’a pas assez réinventé ses plats. Erreur de jeunesse  peut-être, il saura rebondir. Une erreur que n’a pas commise Jeppe Foldagger du Danemark, un habitué des concours dans son pays, qui nous a présenté de somptueux plats qui il y a deux ans lui auraient assuré la victoire. Bien lui en a pris puisque le Japon s’est immiscé dans le concert des grandes nations. On peut remarquer que l’expérience a beaucoup comptée cette année, le Japonais avait déjà concouru en 2005 et le 4ème de l’épreuve est à 45 ans le doyen de l’épreuve. Lui aussi a sensiblement amélioré sa performance par rapport au Bocuse d’or Europe, remportant deux fois le meilleur prix de viande, il est vrai du Black Angus irlandais dont il a l’habitude. Signalons aussi que le Bocuse d’or devient clairement l’histoire d’une filiation, d’anciens prétendants devenus chefs de restaurant lançant leurs seconds, d’anciens commis reprenant le flambeau ou lauréats devenant coach. La transmission du savoir est essentielle (on remarque que la Hongrie fait une bonne prestation pour une première participation, entraînée par Geir Skeie, Bocuse d’or 2009). C’est bien ce que cherchait Paul Bocuse en lançant ce concours, mission accomplie !

La vidéo du plat viandes :

Après l’Asie, l’Amérique du sud, le Maroc, la Turquie étoffera encore la compétition en mars 2013, organisant son premier concours national.

 

 

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