Retour sur le Bocuse d’Or Europe 2016

Plat poisson France 2016

Plat poisson France 2016

Notre contribution aux interrogations soulevées.

Faits marquants :

Le pays organisateur, qui n’avait jamais mieux figuré mieux que 8ème, vainqueur-surprise lors d’une 3ème victoire consécutive à domicile pouvant donner à penser qu’il suffit d’organiser le Bocuse d’Or pour le gagner ? Notre réponse est basée sur les faits suivants : dans la balance la Hongrie a 1°) mis de gros moyens 2°) était très motivée. Le pays entier était derrière, pas comme certains qui abordent la compétition dans de mauvaises conditions (nous pensons aux Anglais qui changent subitement de candidat au mois de décembre, mésaventure qui était déjà arrivée à l’Allemagne en 2014 et qui s’était aussi soldée par la même sanction). Nous y ajouterons un 3ème aspect ; cela fait maintenant des années que leurs équipes sillonnent les allées du concours et observent. On se souvient du premier président du comité hongrois Vilmos Kreil qui en 2009 nous assurait vouloir gagner un jour le Bocuse d’Or. Nous l’avions encouragé à réaliser son rêve. Et un 4ème : l’avantage du terrain ou plutôt du choix des armes, esturgeon hongrois ou cerf rouge (un met interdit en France). Last but not least, les Hongrois se sont tournés pour leur préparation vers ce qui se fait de mieux, les Scandinaves. Un ancien Bocuse d’Or, Geir Skeie comme préparateur, de nombreux échanges, l’ambassade de Suède faisant même partie des sponsors. Savoir reconnaître qu’on peut apprendre des autres, c’est une façon de progresser et c’est la leçon que nous aimerions retenir. Nous avons donc là 5 bonnes raisons sans oublier de saluer le brio du candidat, Tamas SZELL qui est le vrai héros de cette success-story. Qu’un nouveau pays rejoigne le concert des « grandes » nations est ce qui pouvait arriver de mieux au Bocuse d’Or, le rendant encore plus indécis et attrayant, bouffée d’oxygène qui desserre un peu l’étreinte scandinave.

… qu’on ne peut manquer de relever encore et toujours. De nombreux internautes fraîchement arrivés dans le suivi de ce concours s’étonnent sur les réseaux sociaux de cette main-mise que rien ne justifie à première vue. Cuisine-tendance près de la nature certes, mais bon, morues, harengs ou puddings de poissons sans parler du gravelax (on raccourcit), c’est un peu faible comme identité culinaire qui dominerait l’Europe du goût d’autant plus que l’ADN de nombreux restaurants est d’origine continentale. Alors la haute gastronomie ? En Norvège ils sont 5 étoilés Michelin dont un 3*** étoiles récent pour 4 millions d’habitants, en Suède ils sont 7 pour 9 millions et en Finlande 5, dont un 2** (tous à Helsinki) pour une population de 5 millions. C’est le Danemark qui cumule le plus d’étoilés (16 dont un ***). Il y a certes progression puisque pour la première fois, deux restaurants scandinaves ont reçu 3 étoiles en 2016, mais cela ne représente rien face aux 600 étoilés français (dont 26 X 3 ***), 295 italiens, 282 allemands, 145 anglais ou 139 espagnols, ces quatre derniers pays non-qualifiés pour Lyon en 2017 ! C’est là qu’on ne comprend pas puisque souvent les espoirs du Bocuse finissent par obtenir leurs étoiles plus tard. Alors nous émettons une hypothèse : le goût c’est quand même la plus forte notation, y-a-t-il un goût scandinave qui se serait imposé, où serait-ce parce que 6 des 20 juges sont originaires de ces pays (auxquels nous comptabilisons aussi l’Estonie) pesant d’un poids plus fort ? Si tel est le cas il va être difficile de revenir dans la course. Ce qui signifie que pour le concours mondial il y a un peu plus de place puisqu’il y a 24 juges. On tremble à l’idée que les îles Féroé ou le Groenland pourraient concourir un jour… La recette pour gagner est là : trouver le goût des juges. Un sacré challenge.

 

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